L’anglais et l’avenir du français en l’Afrique

Quand il s’agit des perspectives démographiques à venir de la langue française, l’Afrique occupe une place de premier plan. Alors que le français est en déclin à peu près partout ailleurs, il  est en plein essor en Afrique. On nous dit qu’en 2050 des 750 millions de francophones dans le monde, 84% seront africains.

C’est d’ailleurs à peu près le seul moment où l’on parle de la langue française en Afrique. Pour tout le reste, il faut bien dire que l’Afrique occupe une place bien marginale. Dans le monde de l’édition, de la littérature, de la chanson, de la dictionnairique, de la linguistique, de la production audiovisuelle, bref de la culture de langue française en général, la place de l’Afrique dans la francophonie  ressemble à une peau de chagrin.

Qu’à cela ne tienne. Combien  des sièges de l’Académie française seront réservés aux Africains en 2050 ? Quelle place occuperont les africanismes dans les dictionnaires de la langue française ? Je ne suis pas optimiste. Je ne crois pas aux miracles. J’ai bien l’impression qu’en 2050 le poids culturel de l’Afrique dite francophone  dans la francophonie sera à peu près le même que celui d’aujourd’hui ou moins. Je m’explique.

C’est qu’il  y a une nouvelle donnée imprévisible dans la dynamique de l’évolution démographique du français en Afrique : la montée de l’anglais.

On pense en premier lieu à la décision du Rwanda en 2005 de faire de l’anglais la langue de l’enseignement et de l’administration. Il faut ajouter que c’était dans un contexte politique bien particulier, mais le pays ne semble pas s’en porter trop mal.

N’oublions pas également le sort du français dans l’ancienne Indochine française : le Vietnam, le Cambodge et le Laos où le français a été très rapidement remplacé par l’anglais.

Mais on n’en est pas là en Afrique. Tant s’en faut. Cependant, sans vouloir généraliser, on peut dire qu’en marge de l’émergence des langues nationales véhiculaires et d’une sorte de recul du français dans certains pays, on voit un intérêt de plus en plus marqué pour l’anglais.  Pour faire court, voici en vrac quelques éléments d’une nouvelle dynamique qui semble favoriser une plus grande pénétration de l’anglais.

1. La désaffection des Africains envers la France
La montée du discours anti-immigration, les difficultés d’obtention des visas de séjour ou d’études, les tracas de la vie des Africains en France, les vestiges de l’héritage colonial, l’échec en termes de développement économique de 50 ans de coopération avec la France, tout cela contribue à rendre les Africains moins friands de la culture et de la langue françaises.

2. Le développement de nouvelles filières d’émigration d’études ou de séjour permanent vers les Etats-Unis et le Canada.

3. La formation universitaire des élites africaines aux Etats-Unis et au Canada. En 2050 seront au pouvoir les jeunes qui ont aujourd’hui cinq à dix ans. Les élites formées surtout en France et en Europe auront disparu.

4. La culture populaire américaine, et surtout dans la variante afro-américaine est nettement plus attirante que la culture populaire française.

5. Le développement de formes régionales d’intégration politique et économique avec les autres pays d’autres langues officielles.

6. La facilité de l’apprentissage de l’anglais par rapport à celui du français.

7. La mondialisation en général, et plus particulièrement la présence de plus importante  de la Chine en Afrique.

Conclusion.  Est-ce que le français restera le bon choix dans l’avenir dans des pays où la pénétration du français est déjà limitée ?  Il me semble que beaucoup d’Africains se poseront la question.

Évidemment, je ne dis pas que le français est menacé de disparition. Je dis simplement que cette marche du français en Afrique vers l’an 2050 risque d’être plus boiteuse qu’on pense.

1 Responses to L’anglais et l’avenir du français en l’Afrique

  1. Pierre dit :

    Et voilà, François le français négatif au possible s’exprime

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