Quand les Français adoptent nos vieux anglicismes

Les Québécois aiment bien se moquer de ce qu’ils perçoivent comme un engouement des Français pour les anglicismes qu’ils prononcent très mal d’ailleurs. Ils parlent français avec mots anglais, dit-on.  Ce phénomène n’est pas sans agacer nos grammairiens et puristes grincheux du Québec qui d’une part voient l’anglicisme partout et d’autre part exhortent les Québécois à parler pour être compris du reste de la francophonie, ce qui veut dire utiliser, tant que faire se peut, les mêmes mots que les Français. C’est le fameux français standard ou international.

Or, dans ce dit engouement pour l’anglais de la part des Français, il y a un détail fort intéressant qu’a déjà fait remarquer un chroniqueur de langage, à savoir que les Français d’aujourd’hui sont en train d’importer – d’autres disent emprunter – des mots qui avaient déjà étaient importés il y a longtemps dans le français québécois familier tant décrié.

Ce n’est pas vraiment étonnant. La promiscuité avec la civilisation anglo-américaine a fait en sorte qu’au Québec certains usages soient passés dans le français québécois avant la France. Évidemment tout ça change aujourd’hui avec l’internet et les nouvelles technologies de communication.

Toujours est-il que ce 20 janvier 2023 j’étais vraiment amusé d’entendre sur la chaîne française BFM Business dans le cadre de l’émission BFM Cryptos, les Pros, animée par Guillaume Somerer, l’invité Owen Simonin dire, en parlant de la faillite d’une entreprise américaine de la crypto :

Quoi qu’il en soit, l’impact va être énorme parce que il va y avoir des effets rebonds en fait. Comme FTX affecte Genesis et d’autres structures de prêt et d’emprunt qui affectent elles-mêmes d’autres sociétés qui avaient confié de la liquidité à Genesis et à d’autres structures et qui elles-mêmes étaient les contrepartie d’autres entreprises ou de particuliers. Quoi qu’il en soit, ça n’a pas affecté le marché, pourquoi ?  C’est sizé, c’est pricé par le marché. Dans le doute, on imagine le pire et quand et c’est pour ça que quand on a la nouvelle de la mise sous Chapter eleven de justement Genesis, oui c’est une mauvaise nouvelles mais ça ne surprend personne parce qu’on avait déjà sizé le risque maximal.

Ces deux verbes sizer et pricer sont bien présents dans le français québécois populaire et dans le milieu de la finance depuis fort longtemps. Mais la différence ici c’est que l’invité français n’a éprouvé aucune gêne à utiliser les termes parfaitement adaptés de l’anglais, alors qu’il il y a fort à parier qu’un invité québécois dans pareille situation aurait fait de grands efforts pour trouver des équivalents en français ou se seraient confondu en excuses pour les anglicismes.

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